Guerre du Kivu

Guerre du Kivu
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Carte approximative de la situation militaire au Kivu.
Informations générales
Date Depuis 2004en cours
(20 ans)
Lieu Nord-Kivu
Sud-Kivu
Ituri
république démocratique du Congo
Issue En cours
Plus de 120 groupes armées dont les FDLR, le M23, les ADF, et les groupes Maï-Maï restent actifs dans la région
Belligérants
M23(depuis 2012)
CNDP
(2006-2009)
Soutien :
Drapeau du Rwanda Rwanda (allégué)
Drapeau de l'Ouganda Ouganda (allégué)
Drapeau du Burundi Burundi (allégué)
FARDC
Pro Gouvernement
FDLR
(2006-2014)
APCLS
(2012-2013)
Nyatura
(2012-2014)
MONUSCO
Drapeau de l'Angola Angola
Drapeau du Zimbabwe Zimbabwe
Drapeau du Botswana Botswana
Soutien :
Drapeau de la France France
Drapeau de la Belgique Belgique
FDLR
Interahamwe
IAPCLS
(2013-2016)
RUD–Urunana
Nyatura
FNL Nzabampema
FNL Palipehutu
(2004-2013)
FPB
RED-Tabara
Nduma Défense du Congo-Rénové
Mai-Mai Sheka
(2008-2017)
Mai Mai Yakutumba
CNPSC
Raia Mutomboki
ADF
ISCAP
Mai-Mai Kyandenga
Commandants
Laurent Nkunda
Bosco Ntaganda
Sultani Makenga
Jean-Marie Runiga
Joseph Kabila
Félix Tshisekedi
Crispin Atama Tabe Mogodi
Didier Etumba Longila
Lucien Bahuma
Gabriel Amisi Kumba
Emmanuel Lombe
Ignace Murwanashyaka
Babacar Gaye
Carlos Alberto dos Santos Cruz
João Lourenço
José Eduardo dos Santos
Emmerson Mnangagwa
Robert Mugabe
Mokgweetsi Masisi
Ian Khama
Ignace Murwanashyaka
Callixte Mbarushimana
Janvier Buingo Karairi
Agathon Rwasa
Aloys Nzabampema
Guidon Shimiray Mwissa
Ntabo Ntaberi Sheka
William Yakutumba
Devos Kagalaba
Salumu Kaseke
Musa Seka Baluku
Jamil Mukulu
Musa Baluku
Forces en présence
6 000 à 8 000 hommes[1] 20 000 hommes[1] 2 000 hommes[2]
Pertes

11 873 morts au moins (civils, soldats et rebelles confondus)[3],[4],[5],[6],[7]

Guerre du Kivu

Batailles

Offensive du M23 de 2022

La guerre du Kivu est un terme générique permettant de designer les différents conflits armés qui se succèdent dans l'est de la république démocratique du Congo (RDC) depuis la fin de la deuxième guerre du Congo (1998-2003), et qui voient les forces armées de la république démocratique du Congo (FARDC) affronter une multitude de groupes armés locaux, principalement dans les provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu. La Mission de l'Organisation des Nations unies pour la stabilisation en république démocratique du Congo (MONUSCO) dans le cadre de son mandat, apporte son soutien aux FARDC, alors que les forces régulières de différents pays de la région prennent elles aussi part, épisodiquement, aux conflits, en temps qu'alliés de la RDC, où en prêtant appui à des factions armées rebelles, de manière plus ou moins affirmée.

Les conflits armés qui sévissent dans la région du Kivu sont le résultat d'un ensemble de facteurs extrêmement complexes et interconnectés : griefs historiques, tensions ethniques, intérêts locaux, nationaux et internationaux et convoitise des ressources naturelles congolaises[8]. Le génocide des Tutsi au Rwanda en 1994, et la présence des forces génocidaires parmi les hutu rwandais qui ont trouvés refuge au Zaïre (nom de la RDC à cette époque) suite au renversement du gouvernement Hutu génocidaire par la rébellion tutsi du Front patriotique rwandais (FPR), marquent le début du cycle de conflits qui va plonger dans l'instabilité et la violence l'est du pays[9]. De 1996 à 2003, les première et deuxième guerre du Congo, impliquant différents états africains, se succèdent en RDC, entrainant les premiers déplacement de civils, massacres et violations des droits de l'homme dans la région, documentés par le rapport Mapping, mais jamais jugés[10]. Les conflits qui suivent, à l'inverse des deux guerres du Congo, ne sont pas des affrontements interétatiques, mais opposent le gouvernement de la RDC à des milices armées locales et des rébellions multiformes, dont certaines soutenues par des états, perpétuant l'insécurité dans l'est du pays : déplacements de populations, exactions, crimes, viols et autres violations du droit humains. Certains de ces faits sont qualifiés de crimes de guerre par des ONG, dont Human Rights Watch[11] et Amnesty International[12], et les enquêtes de la Cour pénale internationale ont débouchées sur des condamnations pour crime de guerre et crime contre l'humanité pour des faits commis en 2002 par Thomas Lubanga, Germain Katanga et Bosco Ntaganda lors du conflit en Ituri[13].

Depuis 2004, trois phases de déstabilisation de la région du Kivu peuvent être identifiées :

  • La première phase se déroule de 2004 à 2009, avec comme acteur principal Laurent Nkunda et sa rébellion à majorité Tutsi, le congrès national pour la défense du peuple (CNDP), officialisé en 2006, un groupe politico-militaire soutenu par le Rwanda, dont les objectifs affichés sont la défense des Tutsi congolais, la neutralisation des forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR)[note 1] et le retour en RDC des réfugiés congolais tutsis exilés au Rwanda. Le CNDP rentre en confrontation directe avec le gouvernement congolais et les forces armées de la république démocratique du Congo (FARDC), prend progressivement le contrôle de plusieurs zones du Nord-Kivu, et arrivent jusqu'aux portes de Goma. Fin 2008, les gouvernements rwandais et congolais concluent un accord qui vise à stopper la rébellion du CNDP en échange d'une lutte commune contre les FDLR sur le sol congolais. En janvier 2009, Nkunda, lâché par Kigali, est arrêté au Rwanda, et le nouveau leader du CNDP, Bosco Ntaganda, annonce la fin des hostilités, et la mise a disposition des combattants de la rébellion pour intégration dans les FARDC afin de combattre les FDLR[note 1]. Durant l'année 2009, l'armée congolaise, au sein de laquelle les combattants du CNDP ont été intégrés, et les Forces rwandaises de défense (FRD) traquent les FDLR dans le Nord-Kivu, ces affrontements donneront lieu à de nombreuses victimes civiles[14].
  • La seconde phase prend place en 2012 et 2013, avec comme acteur principal le Mouvement du 23 Mars (M23). Elle advient suite à la rébellion d'anciens combattants du CNDP, intégrés à l'armée régulière, qui accusent Kinshasa de ne pas avoir respecter l'accord du , conclu suite à l'abandon de la lutte du CNPD. Cette rébellion donne lieu à la création du M23, qui, comme son prédécesseur du CNDP, va s'emparer de pans du Nord-Kivu, et cette fois de Goma, avant d'être défait par les troupes gouvernementales et les soldats de la MONUSCO et de se réfugier au Rwanda et en Ouganda, tous deux accusés de soutenir les rebelles. Un accord entre Kinshasa et le M23 visant à démobiliser et amnistier les anciens combattants du M23 est signé fin 2013, mais très mal accueillis par une population congolaise largement hostile aux rebelles.
  • La phase actuelle de ce conflit débute en 2021, par les exactions commise par les forces démocratiques Alliées (ADF) dans le Nord-Kivu et l'Ituri et la reprise des armes par le M23, qui grâce à l'appui du Rwanda prend progressivement le contrôle de pans importants du Nord-Kivu, en , Richard Moncrieff, directeur de la région des Grands Lacs pour l'International Crisis Group, estime que le M23 contrôle environ la moitié de la province du Nord-Kivu[15].

Bien que les principaux épisodes du conflit du Kivu ne soient pas constants, ces interruptions sont sommes toutes relatives, les populations de cette région restent soumis à la présence des groupes armés et à leurs exactions, et des combats persistent entre groupes armés et les FARDC, mais avec une plus faible intensité[16].

Depuis 2021, Le Mouvement du 23 mars (M23), les Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR), les Forces démocratiques alliées (ADF) et la coopérative pour le développement du Congo (CODECO) comptent parmi les milices les plus actives des 120 groupes armées identifiés[17] dans les provinces du Nord-Kivu, du Sud-Kivu, et de l'Ituri. En , en réponse à la recrudescence des conflits dans l'est du pays, l'Ituri et le Nord-Kivu, sont placés en état de siège[18].

Le Rwanda est accusé par plusieurs rapports de l'ONU et par la RDC de soutenir le M23, l'Ouganda de son coté joue un rôle ambigu, engagé par un accord bilatéral avec le gouvernement congolais pour combattre les Forces démocratiques alliées (ADF), il est par ailleurs accusé dans le rapport annuel du groupe d'expert mandaté par l'ONU de juin 2024 de prêter appui au M23, ce que dément Kampala. Alors que depuis la fin de l'année 2023, les troupes du Malawi, de la Tanzanie et de l'Afrique du Sud sont déployés dans le Nord-Kivu pour soutenir le gouvernement congolais, au sein de la Mission de la communauté de développement d'Afrique australe en République démocratique du Congo (SAMIDRC)[19].

Depuis 2022, des initiatives diplomatiques sont initiés afin de désescalader les tensions dans l'est de la RDC : Le processus de Luanda, mené sous l'égide de l'Angola, qui se concentre sur le dialogue régional et les questions de sécurité transfrontalière, notamment entre la RDC et le Rwanda, et le processus de Nairobi, soutenu par le Kenya, qui vise à faciliter le dialogue entre le gouvernement congolais et les groupes armés[20].

Début 2024, le M23 soutenu par les forces rwandaises de défense (FRD), procèdent à des offensives dans les territoires de Nyiragongo, de Rutshuru de Masisi et, à partir de fin mai, dans celui de Lubero, permettant aux insurgés de prendre le contrôle de larges pans de la région du Nord-Kivu.

En juillet 2024, un rapport d'experts mandatés par l'ONU accuse le Rwanda de violer la souveraineté de la RDC notamment par l'envoi de troupes rwandaises dans le Nord-Kivu en soutien à la rébellion du M23. Le rapport pointe aussi les relations que l'Ouganda entretient avec cette rébellion, et accuse la RDC d'utiliser comme supplétifs des groupes armés, regroupés sous la bannière wazalendo[note 2],[24] qui se livrent dans la région à de nombreuses exactions : recrutement d'enfants soldats[25], violences contre la population civile[26] , alors que les forces démocratiques Alliées (ADF), avec plus d'un millier de victimes en 2023, sont présentés comme le groupe armé le plus meurtrier envers la population civile dans l'Est de la RDC.

Le , l'accord de cessez-le-feu entre Kinshasa et Kigali, négocié par l'entremise de l'Angola, entre en vigueur, mais le M23 poursuit sa progression, continuant à prendre le contrôle de localités dans le territoire de Rutshuru, dont Ishasha, une cité frontalière de l’Ouganda.

  1. a et b « Africa News », BBC News.
  2. « The Foreign Armed Groups », sur MONUSCO (version du sur Internet Archive).
  3. « Kivu Conflict », sur The Polynational War Memorial (consulté le ).
  4. « Realtime Data (2017) », sur ACLED (consulté le ).
  5. « RDC: au moins 15 casques bleus tués et 3 portés disparus dans le nord-est », sur rfi.fr, (consulté le ).
  6. « DR Congo: New ‘Kivu Security Tracker’ Maps Eastern Violence », sur Human Rights Watch, (consulté le ).
  7. « ACLED Data (2018) », sur ACLED (consulté le ).
  8. Jason Stearns, « L’ancrage social des rébellions congolaises. Approche historique de la mobilisation des groupes armés en République démocratique du Congo », Afrique contemporaine, vol. 265, no 1,‎ , p. 11–37 (ISSN 0002-0478, DOI 10.3917/afco.265.0011, lire en ligne Accès libre, consulté le )
  9. Jason Stearns (2021), p. 33-36.
  10. « Guerres du Congo : après 27 ans de crimes, l'indispensable lutte contre l'impunité en RDC » Accès libre, sur TV5MONDE, (consulté le )
  11. « RD Congo : Meurtres et viols commis par les rebelles du M23, soutenus par le Rwanda » Accès libre, sur Human Rights Watch, (consulté le )
  12. « RDC. Les autorités doivent protéger et aider les civil·e·s face à la violence qui s’intensifie » Accès libre, sur Amnesty International, (consulté le )
  13. « Situation en République démocratique du Congo », sur Cour pénale internationale (consulté le )
  14. « Vous serez punis » Accès libre, sur Human Rights Watch, (consulté le )
  15. « RDC: 250 000 personnes déplacées en un mois, l'ONU dénonce une crise humanitaire "sans précédent" » Accès libre, sur Voice of America, (consulté le )
  16. « Comprendre la crise en République démocratique du Congo en 5 questions » Accès libre, sur Radio télévision suisse, (consulté le )
  17. « RDC : le président proclame « l’état de siège » dans deux provinces touchées par la violence », Le Monde,‎ (lire en ligne Accès libre, consulté le )
  18. « RDC. Depuis un an, l’« état de siège » est utilisé comme un instrument pour écraser la dissidence » Accès libre, sur Amnesty International, (consulté le )
  19. « La RDC compte sur la force de la SADC reprendre ses territoires occupés par le M23 » Accès libre, sur TV5 Monde, (consulté le )
  20. Remadji Hoinathy, « Les processus de paix à l’est de la RDC ratent leur cible » Accès libre, sur issafrica.org, (consulté le )
  21. Coralie Pierret, « Les « wazalendo », des « patriotes » en guerre dans l’est de la RDC » Accès libre, sur Le Monde, (consulté le )
  22. « RDC : Félix Tshisekedi appelle la jeunesse à se mobiliser face à la rébellion du M23 » Accès libre, sur France 24, (consulté le )
  23. Nafissa Amadou, « Les wazalendo sont devenus les alliés de l’armée congolaise » Accès libre, sur Deutsche Welle, (consulté le ). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  24. « Combats. “Tentative désespérée” : la RDC accusée d’armer des milices dans le Nord-Kivu » Accès limité, sur Courrier international, (consulté le )
  25. Charles de Blondin, « Nord Kivu : un rapport de l’ONU met en lumière les responsabilités de la RDC et de l’Ouganda, jusque-là sous-médiatisées », sur Contrepoints, (consulté le )
  26. Philippe Lawson, « Un rapport de l’ONU pointe la responsabilité de la RDC dans le conflit au Nord-Kivu », sur L-Post, (consulté le )


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